Poèmes et chansons
Page 11 : Bonheur et amour
Les leçons de la vie
Après un certain temps,
Tu apprends la différence entre
Tenir la main d'un ami et l'enchaîner:
Tu apprends que l'amour
Ne signifie pas se reposer sur quelqu'un,
Mais lui apporter un soutien.
Tu commences à accepter tes défaites
Avec la dignité d'un adulte
Et non le désespoir d'un enfant.
Tu décides de construire ta vie
Au jour le jour parce que
Les lendemains sont trop incertains.
Tu aides à semer un jardin
Plutôt que d'attendre
Que l'on t'apporte des fleurs.
Se lever
Se lever d’un bon pied
Malgré les nuages et la brume
Se lever d’un bon pied
Malgré les querelles, sans rancune,
Avec pour première pensée
De répandre la joie chez ceux qu’on aime
Avec pour première pensée
D’éclairer la chambrée par un je t’aime.
Et encore, autour de soi,
Une poignée de main ;
Et encore, autour de soi,
Une poignée de grains
D’où grandit l’amour
Et le cercle d’amis ;
D’où grandit l’amour
Et le sourire de la vie.
Le bonheur du jour
Le bonheur, c’est tout petit,
Si petit que parfois on ne le voit pas,
Et on cherche dans le béton, l’acier, la fortune,
Mais le bonheur n’y est pas,
Ni dans l’aisance, ni dans le confort.
On veut le construire, mais il est là,
A côté de nous, et on passe sans le voir.
Car le bonheur est tout petit.
Il ne se cache pas, c’est là son secret.
Il est là, tout près de nous et parfois en nous.
Une main ouverte
La nuit n'est jamais complète ;
il y a toujours
puisque je le dis,
puisque je l'affirme,
au bout du chagrin d'une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille,
désir à combler,
faim à satisfaire,
un coeur généreux,
une main tendue, une main ouverte,
des yeux attentifs,
la vie à se partager.
Paul Eluard
Rêves
Le seul fait de rêver est déjà très important.
Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir
Et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer
Et doublier ce qu’il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil.
Je vous souhaite de résister à l’enlisement,
à l’indifférence, aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d’être vous
Jacques Brel
C'était lui, c'était moi
C'était lui, c'était moi
Il est sorti de l'ombre
Sans savoir qu'avant lui
Je vivais seule au monde
Les mains nues contre la pluie
Parfois les miracles
Arrivent simplement
Hier encore deux étrangers
Et voici que maintenant
C'était lui c'était moi
C'était lui contre moi
Avec la même chanson à partager
C'était lui près de moi
Il n'y avait plus d'autrefois
Sa vie rencontrai la mienne
Et le monde avait changé
En quelques pas tranquilles
On a fait tourner la terre
D'une promesse fragile
Vers beaucoup de lumière
Je voudrais pouvoir dire
Dans quelques années d'ici
Les yeux fermés dans un sourire
Tout simplement ceci
C'était lui c'était moi
C'était lui contre moi
Avec la même chanson à partager
C'était lui près de moi
Aujourd'hui comme autrefois
Sa vie s'enroule à la mienne
Et plus rien ne peut changer
Essayons de donner
Tout ce que l'on peut donner
Et laissons le cœur parler
Et laissons-le être fou
Il y a tant d'amour à gagner
Et nos mains sont au bout
C'était lui c'était moi
C'était lui contre moi
Avec la même chanson à partager
C'était lui près de moi
Aujourd'hui comme autrefois
Sa vie s'enroule à la mienne
Et plus rien ne peut changer.
Ginette Reno
Peut-être
J'étais à toi peut-être avant de t'avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne,
Ton nom m'en avertit par un trouble imprévu ;
Ton âme s'y cachait pour éveiller la mienne.
Je l'entendis un jour et je perdis la voix ;
Je l'écoutai longtemps, j'oubliai de répondre ;
Mon être avec le tien venait de se confondre.
Je cru qu'on m'appelait pour la première fois.
Savais-tu ce prodige ? Eh bien ! Sans te connaître,
J'ai deviné par lui mon amant et mon maître,
Et je le reconnus dans tes premiers accents,
Quand tu vins éclairer mes beaux jours languissants.
Dans un regard muet nos âmes s'embrassèrent.
Au fond de ce regard ton nom se révéla,
Et sans le demander j'avais dit : " Le voilà ! "
Dès lors il ressaisit mon oreille étonnée ;
Elle y devint soumise, elle y fut enchaînée.
J'exprimais par lui seul mes plus doux sentiments ;
Je l'unissais au mien pour signer mes serments.
Je le lisais partout, ce nom rempli de charmes,
Et je versais de larmes.
D'un éloge enchanteur toujours environné,
À mes yeux éblouis il s'offrait couronné.
Je l'écrivais... bientôt je n'osai plus l'écrire,
Et mon timide amour le changeait en sourire.
Il me cherchait la nuit, il berçait mon sommeil,
Il résonnait encore autour de mon réveil.
Marcelline Desbordes-Valmore